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Étiquette : roman

J’aurais préféré vivre de Thierry Cohen

j'aurais préféré vivre

Je ne connaissais aucune œuvre de cet auteur – on ne peut pas tout lire, le temps n’étant pas extensible, sans parler du porte-monnaie – et j’avais un peu peur du côté « best seller » qui n’est pas forcément signe de bon roman. Mais en fait, je l’ai bien aimé.

Dans « J’aurais préféré vivre », Thierry Cohen aborde le sujet du suicide, dans un contexte surréaliste qui certes, pourrait paraître tiré par les cheveux, mais qui finalement nous offre une belle réflexion sur le sens profond de la vie.

Jérémy, un jeune homme de vingt ans, décide de se donner la mort le jour même de son anniversaire, car la femme qu’il aime depuis toujours, vient de lui avouer qu’elle ne pourra jamais avoir de sentiments amoureux pour lui.

Un an plus tard, à la même date, il se réveille auprès d’elle. Elle lui révèle que l’acte manqué du jeune homme a fait ressortir des sentiments enfouis au plus profond de son cœur. Si Jérémy est heureux de ce dénouement, une année entière s’est déroulée sans qu’il s’en soit rendu compte. Une amnésie partielle qui le déroute.

Malheureusement, il n’est pas au bout de ses surprises, car en l’espace de quelques jours, il va se réveiller à chaque date anniversaire et vieillir sans que rien ne puisse entraver le processus. Plus effrayant encore, l’homme qui vit dans son corps le reste du temps est son opposé, un être qui cause le malheur autour de lui.

C’est un livre qui se lit très vite, tellement l’histoire est prenante. Certes, je n’ai pas été réellement surprise à la fin, mais je trouve qu’il y a matière à réflexion dans ce roman. Si le suicide est un acte solitaire, il entraîne des conséquences bien au-delà de la personne concernée, et c’est ce qu’il faut retenir de cette histoire joliment contée par l’auteur.

Complètement cramé de Gilles Legardinier

complètement cramé Arrivé à un âge où presque tous ceux qu’il aimait sont loin ou disparus, Andrew Blake n’a même plus le cœur à orchestrer ses blagues légendaires avec son vieux complice, Richard. Sur un coup de tête, il décide de quitter la direction de sa petite entreprise anglaise pour se faire engager comme majordome en France, pays où il avait rencontré sa femme. Là-bas, personne ne sait qui il est vraiment, et cela lui va très bien. Mais en débarquant au domaine de Beauvillier, rien ne se passe comme prévu… Entre Nathalie, sa patronne veuve aux étranges emplois du temps ; Odile, la cuisinière et son caractère aussi explosif que ses petits secrets ; Manon, jeune femme de ménage perdue ; Philippe, le régisseur bien frappé qui vit au fond du parc, et même l’impressionnant Méphisto, Andrew ne va plus avoir le choix. Lui qui croyait sa vie derrière lui va être obligé de tout recommencer… 

Tout laisser sur un coup de tête, qui n’en a pas rêvé ?

Il faut beaucoup d’abnégation pour accepter de ne plus être quelqu’un d’important. A 66 ans Andrew Blake décide de se remettre en question, car sa vie ne lui convient plus et l’amertume le guette. Situation absurde que de quitter sa casquette de directeur pour celle de majordome ? Pas forcément… Car l’homme va retrouver de vraies valeurs : l’envie et la joie de faire quelque chose de bien pour autrui. Cela créera évidemment un effet boule de neige.

Complètement cramé est un roman drôle et rafraîchissant. La couverture est vraiment sympa, interpellant au premier coup d’œil ceux qui, comme moi, aiment les chats.

Les petites anecdotes sur les différences culturelles entre anglais et français sont amusantes. Même le chat Méphisto devient un personnage à part entière. Que cache-t-il derrière son beau pelage ? Mystère…

Des situations cocasses, des petites leçons de vie, font du roman de Gilles Legardinier, un cocktail de bonne humeur à consommer sans modération, les pieds dans l’eau ou allongé(e) sous un arbre…

La chambre de Françoise Chandernagor

la chambre françoise chandernagor« Le tour de l’île : vingt-quatre pas. Six du nord au sud et d’est en ouest, depuis la porte d’entrée jusqu’à la fenêtre. Les cloisons de planches, la cheminée de marbre et, comme un lac suspendu, le grand miroir – la géographie de la chambre, ses rivages, ses déserts, sa faune, j’en sais tout. Mais le décor, cet étrange décor, acajou et pavé, brocart et chaises dépaillées, qui l’a composé ? Qui, surtout, a donné l’ordre de condamner les portes, puis la fenêtre, la cheminée, de poser des serrures, des verrous, je l’ignore… Et l’enfant ? Lorsqu’on a détaché sa chambre du continent, pourquoi n’a-t-il pas crié ? Pourquoi s’est-il laissé couler ?

À l’origine du crime, qu’y avait-il ?

Quand la foi soulève des montagnes, elle écrase des enfants. Est-ce la foi qu’on trouve au commencement de cette histoire ? Ou bien la peur, la bêtise, le hasard ? Qu’y avait-il au commencement ? » 

Sans être jamais nommé, on devine que ce petit garçon de huit ans, qui se retrouve enfermé pour des motifs politiques, est le dauphin de France, Louis XVII.

Un enfant que l’on va soigneusement oublier  sous la Terreur révolutionnaire, et qui va, peu à peu, s’oublier lui-même…

La plume acérée de Françoise Chandernagor ne nous laisse aucun répit, avec des passages émouvants, des moments intenses et douloureux. Le tout accompagné de superbes descriptions.

On plonge, aux côtés de ce pauvre enfant, dans une terrible et lente descente aux enfers.

Une lecture propre à la réflexion, un genre de roman qui s’incruste au plus profond de votre âme.

La solitude de l’ange de Tonvoisin de La Garlée

la solitude de l'ange« Mes nuits comme mes jours sont peuplées de ces tristes cauchemars qui me réveillent de vous. Mes jours rampent sur mes nuits, ces hideuses sans avenir que je ne nomme même plus, dont je ne parle pas, qui m’ignorent, que j’ignore. Ma lâcheté toise mon effroi et ricane. Rires sinistres, souffle d’un effroi qui me glace… que d’avoir pu blesser au plus profond de vous le sens de ce verbe magnifique, que je me suis interdit. L’homme reste à la porte de ce verbe dont on m’avait parlé. Je le connaissais si peu, je ne le connaissais pas… Je ne peux m’en excuser…. je n’en ai pas la force. Qu’importe la malchance du temps, que m’importe le mien, ce temps ridicule qui ne rime plus vraiment à grand chose, hors attendre la fin. Mais vous, puisqu’il s’agit de vous, ne doutez pas. Ne doutez jamais de ce verbe si terrible d’absolu, si violent de tendresse, ne doutez jamais de ce verbe magnifique, ne doutez jamais de ces quelques lettres qui font et défont l’univers, Ne doutez jamais de cette pauvre folie humaine d’un autrui, qui se dresse arrogante et invincible pour défier l’éternité. Parce qu’aimer, malgré vous peut-être, malgré vous sûrement, songez à chaque instant, dans chacune de vos secondes, heureuses ou malheureuses, que vous l’êtes, que vous l’avez été, que vous le serez. »
Tonvoisin de La Garlée

 

Lorsqu’une vague vous emporte bien au-delà de l’horizon, on doute que la suivante soit aussi puissante. Et pourtant !

Ce roman, c’est une tempête de mots, qui vous éclate en plein visage.

Dès les premières pages, accrochez-vous, car vous allez naviguer sur un océan de sentiments à l’état brut.

L’auteur puise l’encre de son âme, pour nous la livrer, goutte à goutte.

Point de fioritures, juste des mots qui tranchent, qui s’agrippent à vous, pour vous tirer hors de l’eau, l’espace d’un instant, histoire de reprendre son souffle. Puis, au chapitre suivant, vous plongerez à nouveau, attiré par la profondeur de cet ouvrage, qui, au-delà de cet homme au bord du gouffre, de ces deux femmes qui ne le comprennent pas ou plus, vous révèle, avec des phrases plus coupantes qu’une lame de rasoir, ce monde terrifiant dans lequel nous survivons.

Tonvoisin de La Garlée nous offre là, un roman sans précédent.

Un roman qui semble de ce siècle, mais l’est-il vraiment…

Qui veut la peau de Nestor Boyaux ? de Luc Doyelle

qui veut la peau de nestor boyauxLe polar selon Lucius… 
Méfiez-vous le jour où votre ami de toujours débarque après dix années de silence radio. Prenez garde s’il vous propose sur un plateau la solution à tous vos problèmes.
Mais surtout… restez vigilant si votre ami se nomme NESTOR BOYAUX ! 
Ces retrouvailles chaleureuses seront les prémices d’une étrange descente aux enfers.
Lorsqu’un clochard prend le contrôle de votre destinée, que la radio diffuse des informations surprenantes, et que la maréchaussée se pointe à tous les coins de rue, il est temps de crier au secours ! 
Une épopée polaroïde parsemée d’humour et de suspense.

J’attendais avec impatience le nouveau roman de Luc Doyelle, pour savoir si la sauce allait encore prendre, la magie opérer à nouveau, comme lors de son précédent livre.
Et…j’ai été à nouveau emportée dans un tourbillon de mots.
Effectivement, l’auteur a réinventé une nouvelle version du polar.
Mais à bon escient, car on est tout de suite projeté dans un univers, où fiction et réalité se mêlent habilement, pour former un tout qui nous laisse pantois. Toujours avec ses incomparables jeux de mots, mais sans abus.
Tout au long de cette histoire, l’auteur réussit le tour de force de nous entraîner là où il veut. Et c’est peu dire, si on ne veut dévoiler une fin pour le moins surprenante.
On ne peut que vivre l’aventure aux cotés du héros, le pauvre Lucius, embarqué dans une galère terrible, qui va l’amener, ainsi que ses compagnons d‘infortune hauts en couleurs, à faire face à des situations burlesques.
Certes, il faut s’accrocher tout au long de la lecture, car on navigue entre passé et présent, mais très vite on se prend au jeu.
Mais ne vous y trompez pas, sous le masque de l’humour se cache une écriture toute en finesse, un style décoiffant, parfois déroutant, une plume que l’auteur manie avec dextérité, car comme tout le monde le sait, il faut un talent certain pour user de l’humour avec brio…

Marius Granet de Jean d’Aillon

marius granetCe roman nous fait voyager à travers l’époque troublée de la Révolution.

Nous sommes à nouveau à Aix, où trois enfants dont Marius Granet, assistent par hasard à la découverte d’un secret fabuleux dans les ruines romaines. De terribles meurtres et disparitions s’ensuivront, dans un contexte politique particulièrement houleux.

Jean d’Aillon a l’art de nous décrire avec force détails, cette tourmente révolutionnaire, qui a fait basculer la ville d’Aix dans le chaos le plus total. On reste pétrifié devant toutes ces horreurs, perpétrés par des gens ayant perdu alors, toute notion d’humanité.

L’intrigue, bien ficelée, nous fait découvrir différents personnages attachants ou particulièrement odieux. Un ouvrage passionnant, qui ne vous laissera certainement pas indifférent !

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